Que faisiez-vous avant d'intégrer le CLCF ?
J’ai commencé ma vie professionnelle à l’âge de 18 ans. Baccalauréat juste en poche je suis entré dans la société de doublage START Films que dirigeait Mr Jacques Barclay, un confrère de mon oncle, Mr Richard Heinz, tous deux étant des doubleurs célèbres à cette époque.
Dans le même temps je suivais les cours du soir du CLCF, en spécialisation Montage. J’ai donc été en "immersion" avec la pellicule très rapidement !
Quel a été votre parcours depuis le CLCF ?
Depuis mes débuts j’ai eu la chance de toujours travailler... dans le milieu du doublage pendant 10 ans, puis la post-synchronisation est devenue ma spécialité à partir du début des années 90 jusqu’à ce jour où je travaille encore très régulièrement, tant pour les longs métrages que pour les téléfilms et séries.
J’ai eu le bonheur, la joie et le privilège de collaborer avec un grand nombre de réalisateurs français, italiens, américains et tant d’autres, qui bien que tous très différents de caractère et de tempérament partageaient cet amour, cette passion du cinéma.
Cela m’a permis de comprendre à quel point le cinéma est véritablement une langue, une écriture, une grammaire commune à tous les peuples, toutes les cultures et sensibilités de cette planète.
Le milieu du doublage m’a appris une chose précieuse, qui est celle de toujours savoir prendre rapidement du recul, car lorsque nous doublons un film, l’œuvre existe déjà dans sa version finale et nous impose de respecter son processus de création, le plus fidèlement possible.
Le montage d’un film, en revanche, débute par l’assimilation d’une matière brute en devenir, jusqu’à l’obtention d’une version finale d’une œuvre, le recul étant donc plus difficile à aborder, voir douloureux parfois.
Quel souvenir gardez-vous du CLCF ?
Je garde un excellent et émouvant souvenir du CLCF, qui a été pour moi un véritable départ pour un beau voyage de vie. J’ai le souvenir d’une ambiance assez familiale, qui semble perdurer aujourd’hui.
J’y ai appris une certaine rigueur de travail qui n’était pas forcément innée chez moi !
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un étudiant qui souhaite suivre la spécialisation montage ?
Pour conclure avec un conseil à un étudiant souhaitant épouser le métier de monteur, je citerai Noëlle Boisson qui, dans son ouvrage - La sagesse de la monteuse de film - nous livre ses réflexions sur le métier qui sont pour moi les plus pertinentes jamais écrites :
« N’oublie jamais que même les meilleurs scénarii posent des problèmes au montage. En effet, le scénariste évolue dans l’imaginaire, alors que le monteur travaille un matériau concret. Pour monter un film, il vaut mieux ne pas avoir de rapport affectif à l’écriture, ne pas chercher à tout prix à se conformer au script. Au contraire, tu dois aider le réalisateur à se dégager de l’écriture pour trouver une liberté de narration, neuve et inventive, en fonction de ce qu’il a tourné.
On a nécessairement un jugement personnel, des réserves sur certains passages, des réflexions sur certains personnages. Il faut essayer de tempérer tout cela.
Que j’aime ou que je n’aime pas ne doit jamais être une référence !
Mon avis personnel importe peu, seul compte l’avis du monteur ( de la monteuse ) qui est en moi. Ce qui prime, c’est donc : qu’est-ce que ça raconte et à quoi ça sert ? Quels sont le sujet et le sens profond de chaque scène ?
Pourquoi le scénariste et le metteur en scène ont-ils écrit cela ? Quels sont leurs raisons et leurs désirs ? C’est un effort de distanciation affective afin de mieux comprendre les autres. C’est le début d’une attitude qui, par la suite, sera souvent renouvelée. »