Philippe Rouquier, promo 1985 - Réalisateur et Scénariste

Découvrez le portrait de Philippe Rouquier ancien élève de la formation Assistant réalisateur - promotion 1985 - aujourd'hui réalisateur et scénariste.

Quel a été votre parcours avant d'intégrer l'école de cinéma CLCF ?

Pourquoi avoir choisi cette école ? 

Avant l'école de cinéma CLCF, j'ai passé un bac littéraire et pris des cours d'art dramatique pendant deux ans.

J'ai choisi d'intégrer l'école de cinéma CLCF car c'était la seule école qui donnait des cours du soir, la journée j'allais à la fac de philo. Le CLCF dispensait des cours très techniques, ce qui n'était pas très courant à l'époque. En sortant du CLCF, j'ai côtoyé des assistants réalisateurs sortis de l'IDHEC (la référence de l'époque) qui n'étaient pas mieux formés que moi alors qu'ils avaient eu beaucoup plus d'heures de cours. 

 

Comment décririez-vous l’ambiance au sein de l’école ?

Je me souviens que nous étions un petit groupe - une douzaine - plus les scriptes avec qui on avait des cours en commun. Il y a celles et ceux qui vont plus ou moins à la fac et font le CLCF en plus. Celles et ceux qui, comme-moi, vont à la fac et travaillent, mais habitent encore chez leurs parents. Et puis, il y avait ceux qui travaillent à plein temps et font ça aussi pour tenter de rentrer dans un domaine qui nous fait tous rêver.

Mais lorsqu'on travaille ensemble, ça se passe bien. Chacun prend le poste qui lui est attribué et nous faisons fonctionner notre petite équipe de cinéma.

 

Quel est votre retour par rapport à votre formation ? les cours ? les intervenants ? le matériel ?

J'ai de très bons souvenirs des cours techniques qui m'ont donnés toutes les bases.

En assistanat on nous met un script dans les mains. Chaque semaine, on nous montre une étape du travail de préparation, à nous de continuer sur l'ensemble du scénario. À la fin de l'année vous avez un dépouillement et un plan de travail complet. Ça fait donc une première expérience.

 En technique image, nous avons un mec vraiment bien et sympa, Henri Théron, le technicien parfait. Il est chef op, très pointu techniquement. Il nous apprend tout le fonctionnement d'une caméra 35, l'optique, la lumière, la pellicule, le circuit de la pellicule de la fabrication à la projection, tous les projecteurs et la machinerie de la conception à leur fonctionnement. C'était très dense !

Pour la vidéo analogique, on apprend les bases et il espère pour nous que nous ferons du film et pas de la télé!… Personne ne pense encore au numérique! 

Le cours de Charles Ford m'a beaucoup appris. Il me fait découvrir l'histoire du cinéma mondial à travers chaque grande période et les principaux animateurs de chaque période, le tout pays par pays. À travers son cours se dessinent, par l'histoire, les grandes tendances esthétiques du cinéma. Il faut décrypter et regarder les films dont il parle pour comprendre ce qu'il nous enseigne. Charles Ford m'a apporté des bases que j'ai toujours gardées.

Avec Jean Serres on apprend le fonctionnement d'une équipe. Il nous montre un de ses films documentaires "Lorraine cœur d'acier" dont il est co-réalisateur. Au-delà de toute la technique, il nous transmet aussi une façon de se comporter, une ouverture d'esprit, une curiosité.

Pour la mise en scène, Jean-Luc Moreau et quelques comédiens comme Henri Marteau que je croiserai rapidement sur des téléfilms, nous donnent des conseils pour préparer nos tournages avec les acteurs. Lorsque nous montrons une certaine maturité, nous nous sentons plus comme des collaborateurs que comme des élèves. 

Pour les tournages, des techniciens (chef op, ingé son et monteur) nous épaulent. On tourne en 16mm avec une Arri. On flippe surtout pour la manipulation de la pellicule dans le charging bag. On sait qu'on peut foirer le film du copain en faisant ce travail (et d'ailleurs c'est arrivé). C'est certainement ce poste d'assistant qui nous met le plus la pression.

Pour le son, on travaille avec un nagra. L'ingénieur du son des tournages est celui qui nous donne les cours.

 

Quel(s) stage(s) avez-vous effectué(e) durant votre formation ?

En dernière année, je commencé un stage d'assistant réalisateur. Je fais 4 mois de prépa sur une très grosse série en costume d'époque, décor, etc. Tout le monde veut me garder comme second sur le tournage, mais les syndicats s'y opposent. Sinon, j'aurais commencé directement.

 

Comment s’est passé l’après l'école de cinéma CLCF ?

Ne pas pouvoir enchaîner après mon premier stage réussi a fait un gros trou dans mon petit carnet d'adresses. J'ai donc un peu galéré. Puis, je suis devenu adjoint de régie, puis régisseur. J'ai commencé à faire des assistanats dans une boîte de films institutionnels dans laquelle je suis très vite devenu concepteur-rédacteur, puis réalisateur.

 

Quel poste occupez-vous aujourd’hui ?

Je suis aujourd'hui réalisateur. Mon parcours est peut-être atypique puisque j'ai pratiquement tout fait à part un long métrage. J'ai fait des clips, de la pub, de l'habillage de chaîne, de l'animation, du reportage, du magazine, des courts-métrages, du documentaire. C'était génial de pouvoir passer d'un domaine à l'autre.

Du côté de l'écriture, j'ai évolué de façon tout aussi éclectique. J'ai écrit des séries, des concepts d'événementiels et de films, des spots radios, j'ai fait du script doctoring, des longs métrages…

 

Qu’est-ce que l'école de cinéma CLCF vous a apporté dans votre façon de travailler aujourd’hui ?

Justement de l'autonomie. Après, ça m'a certainement apporté de la rigueur dans la répartition du travail et des responsabilités, ce qui est "normalement" propre aux équipes de cinéma (mais pas toujours). L'enseignement que j'ai reçu correspond au fonctionnement d'équipes cinémas (tournage et post-prod). Cette organisation, liée aux responsabilités qu'elle comporte, n'est pas aussi répandue que ça, je m'en suis rendu compte. Ça me sert toujours.

 

Quel conseil donneriez-vous aux futurs étudiants qui souhaitent intégrer l'école de cinéma CLCF ?

Profitez de cette période d'étude pour vous cultiver. Regardez au moins un film par jour et pas seulement des films que vous aimez. Ça vous aidera à vous ouvrir à d'autres cultures et à comprendre l'image. C'est primordial d'avoir une bonne culture cinématographique. D'un point de vue de l'apprentissage technique, il faut apprendre à devenir polyvalent. Ce qui veut dire connaître parfaitement son métier pour être prêt à le voir changer.