Bonjour Manuel, pourquoi avez-vous intégré le CLCF ?
Je viens de Nevers et je souhaitais, avant d'intégrer une école de cinéma, avoir une formation universitaire. Je suis passé par l'Université de Clermont-Ferrand pour poursuivre des études de Lettres. C'est à cette époque que le festival du Court-métrage de Clermont-Ferrand a pris son essor et que les fondateurs du Festival présentaient des films d'auteurs à l'amphi de la fac de Lettres.
J'ai entendu parlé du CLCF à mon retour d'un séjour prolongé en Amérique Latine. J'étais trop âgé pour me présenter au concours d'entrée à l'IDHEC (qui devint par la suite la FEMIS) . J'avais besoin de me former, au moins théoriquement, aux techniques du cinéma et de comprendre toute la chaîne de fabrication d'un film. J'ai trouvé au CLCF des réponses à mes besoins de connaissances techniques et j'ai commencé à constituer un petit réseau. Pour obtenir mon diplôme d'Assistant réalisateur, j'ai passé mon oral devant Jean Delannoy qui fut par la suite mon parrain à la Société des réalisateurs de film lorsque j'ai réalisé mon premier long-métrage "Les Arcandiers".
Quel a été votre parcours après votre formation d'Assistant réalisateur en 1984 ?
Je n'ai pas attendu la fin de ma formation pour commencer un parcours professionnel. Je voulais éviter de servir des cafés et d'être opérateur talkies-walkies dans le cinéma, c'est-à-dire Stagiaire Assistant-Réalisateur. Car mon but c'était de devenir réalisateur de films. Je pensais qu'il était plus formateur de passer par le montage. Je n'avais pas d'argent et à l'époque j'ai trouvé du travail dans un laboratoire de cinéma (LTC) comme porteur de boîtes. C'était à l'époque du 35 MM, je devais courir chercher la pellicule au développement et la porter au montage négatif où j'ai eu l'occasion de rencontrer des réalisateurs et des monteurs prestigieux. J'ai eu la chance de rencontrer Martine Barraqué qui était la chef-monteuse de François Truffaut. Je savais que le montage était un lieu d'analyse des films à partir d'une matière brute qui provenait du tournage et qu'il fallait opérer une seconde écriture du film que je trouvais très créative. L'écriture du scénario et le montage sont les deux étapes de fabrication d'un film qui me passionnent. Aujourd'hui, je suis également intéressé par la production, c'est-à dire aller chercher une autre matière première indispensable à la naissance d'un film: l'argent.