Bonjour Akache, dites nous ce que vous faisiez avant le CLCF ?
Avant le CLCF, j’avais un parcours tout à fait classique. J’étais au lycée. Et après avoir passé le bac, je suis allé à la fac de cinéma.
Et en fac, j’ai déchanté ! Ce que je voulais, c’était apprendre à faire des films. A l’université, on apprend principalement l’histoire du cinéma et à s’exprimer au travers des images. Ce n’est pas une mauvaise chose en soi, mais c’était très différent de ce à quoi j’aspirais.
Alors, je me suis renseigné, et j’ai découvert que pour la fabrication des films, il fallait fréquenter une école où l’enseignement porte sur la technique, se fait beaucoup par la pratique, où on a accès à du matériel professionnel, et surtout où on peut rencontrer des professionnels qui œuvrent sur des films, qui sont sur le terrain et mettent la main dans le cambouis.
En me rendant dans un salon professionnel, j’ai eu accès à une liste des écoles de cinéma. Ensuite, j’en ai fait le tour, pour choisir celle qui me convenait le mieux.
Pourquoi avoir choisi l'école de cinéma CLCF ?
Il y a trois choses qui m’ont aidé à choisir le CLCF :
- La première, c’est que l’enseignement est reconnu par l’état, ce qui était pour moi un gage de qualité.
- La deuxième c’est qu’à l’époque le cursus se faisait en deux ans. C’était avant la réforme du LMD. J’étais pressé de travailler, et un cursus de deux ans m’allait sans problème (les autres écoles prenaient quatre à cinq ans).
- La troisième enfin, c’est l’entretien que j’ai passé. C’était à la fois un entretien de motivation et un échange sur l’art en général et la photo en particulier. C’était assez inattendu mais j’ai trouvé ça très ouvert d’esprit.
Comment qualifieriez-vous l’ambiance au sein du CLCF ?
C’était très familial, et aussi très stimulant. Avec les autres élèves, on avait des sensibilités différentes, mais ça donnait des discussions très soutenues. Certains aimaient les films d’horreur, d’autres le fantastique et la science-fiction, d’autres encore étaient plus Nouvelle Vague et cinéma indépendant… Bref, il y en avait pour tous les goûts. Mais ça n’a jamais empêché l’entraide. Si vous montiez un projet, il y avait toujours moyen de trouver des personnes disponibles pour vous aider, dans votre classe ou dans les autres classes. On n’était pas cloisonné.
Quel(s) stage(s) avez-vous effectué durant la formation ?
J’ai fait un premier stage à Horizon Mars, une société de post-production qui a totalement disparu aujourd’hui. A l’époque (c’était en 2003) les stations de montage étaient trop chères à l’achat, et les productions louaient des salles équipées en Avid pour la post-production de leurs films.
A Horizon Mars, on apprenait le montage et l’entretien des stations. Aujourd’hui, c’est une technologie obsolète, mais à l’époque, c’était à la pointe de la technologie. Vous aviez une tour d’ordinateur, une carte d’acquisition vidéo externe Avid, une carte son externe, des disques durs externes qui se branchaient en série avec des ports parallèles, des lecteurs et/ou enregistreurs Beta Max et Beta Num, et une série de câbles différents à connaitre par cœur (cinch, BNC, RCA, XLR, maxi jack, mini Jack… ). Il fallait brancher l’ensemble sans qu’aucun appareil ne rentre en conflit avec un autre. Cela peut paraître facile de nos jours, mais il ne faut pas oublier que les OS prennent en charge beaucoup plus d’opérations techniques qu’avant. Avant, si vous ne respectiez pas un ordre ou un schéma, vous pouviez casser un appareil extrêmement couteux. Mais à la fin du stage, on pouvait monter tous les appareils les yeux fermés, et identifier la plupart des problèmes. L’autre atout de ce stage, c’est qu’on croisait beaucoup de monteurs et d’assistants monteurs. C’était un super lieu pour faire des rencontres.
Ensuite, j’ai fait un stage aux laboratoires de GTC. A l’époque, le tournage en pellicule était encore la norme. C’était un stage d’observation obligatoire dans le cursus. C’était intéressant de voir comment cela se passe dans les « coulisses du montage », et on pouvait quand même discuter avec les techniciens.
Quel a été votre parcours après le CLCF ?
Après avoir obtenu mon titre de Monteur du CLCF, j’ai voulu me lancer dans le cinéma, mais malheureusement, ce n’était pas une bonne période.
Tout d’abord, le cinéma vivait une vraie mutation à cause de l’arrivée massive du numérique. D’un coup, la majorité des tournages se faisait en numérique, et tous les montages se faisaient sur ordinateur. C’était tout nouveau et les producteurs étaient peu enclins à prendre des petits jeunes fraichement diplômés. L’autre mutation, c’était la réforme du régime des intermittents. En 2003 on passait de la période travaillée d’un an à celle de dix mois. Là encore, les professionnels voyaient d’un mauvais œil l’arrivée des jeunes diplômés et partageaient moins leurs plans.
Et enfin, il y avait à l’époque plein de logiciels qui se démocratisaient, et d’autres qui tombaient dans l’obsolescence. C’était un vrai casse-tête pour faire le tri et se tenir à jour.
Mais avec de la persévérance, on y arrive. Je n’ai jamais perdu l’envie. Et à force, j’ai réussi à me faire embaucher comme monteur truquiste pour mon premier job, sans passer par la case assistant !
Que faites-vous aujourd’hui ?
Aujourd’hui, je suis bien établi.
Je travaille régulièrement comme monteur truquiste et infographiste 2D/3D pour diverses boîtes (Le Manoir de Paris, RMC Régie, A way to wake up, CanalSat, Experientia, Match Event...) et je fais sans problème mes 507 heures, sésame de l’intermittence.
En parallèle, je suis formateur sur la plateforme tuto.com, et j’anime un blog dédié au montage, aux effets spéciaux et à la post-production en générale.
Je n’ai pas oublié mes années de galère juste après mon diplôme, d’où cette envie d’être disponible pour quiconque souhaite avoir des informations sur la post-production. N’importe qui peut me contacter et avoir des renseignements de tout ordre, aussi bien technique qu’artistique ou même juridique.
En quoi le CLCF vous a-t-il préparé à la vie professionnelle ?
Au CLCF, j’ai appris la méthodologie du monteur pellicule, la rigueur et le travail d’équipe.
Car oui, en post-production c’est aussi un travail d’équipe. Vous devez communiquer avec la scripte, avec le réalisateur, parfois avec le 1er assistant réalisateur et l’ingé son, avec le laboratoire, avec les mecs du son (mixeurs et bruiteurs), des effets spéciaux et de l’étalonnage. La moindre erreur de communication, la plus petite ambiguïté dans un mail va se traduire par une mauvaise exécution qui peut se chiffrer en milliers d’euros !
Vous avez envie de voir le producteur vous faire les gros yeux et vous envoyer la « note » ? Alors, vous avez intérêt à être carré dans vos échanges.
Quels souvenirs gardez-vous du CLCF ?
Je retiens surtout l’insouciance de la vie étudiante. On ne s’en rendait pas compte à l’époque, mais on était jeune, on avait envie de pleins de choses, et au CLCF, on pouvait les tenter et se planter. Ça sert à ça aussi, les études : à se tromper et apprendre de ses erreurs. Certaines erreurs sont acceptables en école, mais totalement impardonnables en milieu professionnel.
Quels conseils donneriez-vous à un futur étudiant du CLCF ?
D’y aller avec un esprit ouvert, et surtout de toujours tenter sans avoir peur de se tromper. Beaucoup intègrent une école en se prenant pour des grands cinéastes ou des grands techniciens, mais c’est une erreur. C’est la meilleure méthode pour s’enfermer dans ses certitudes et ne pas progresser.
Le cinéma est un art ! L’art est vivant, il évolue. Gardez l’esprit ouvert, ayez toujours envie d’apprendre, et faites évoluer votre art.
N’oubliez jamais qu’on fait un métier passionnant, qu’on est là pour faire rêver le public, le divertir et lui donner à réfléchir. Les goûts du public changent sans cesse avec le temps. Sachez vous aussi changer ! Réinventer vous sans cesse !